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Tianjin
Les récits de jùn mǎ 俊 马 (François de la Chevalerie)
Sur cette page
(1) Quelques éléments sur Tianjin
(2) Brève histoire des concessions de Tianjin
(3) Brève histoire des Français de Tianjin
(4) Zhou Enlai à Tianjin
(5) Ancienne église Saint-Louis des Français de Tianjin
(1) Quelques éléments sur Tianjin
La 3 province » chinoise (municipalité autonome) la plus riche après Shanghai et Pékin, 11,5 millions d’habitants.
• Le plus grand port de Chine du Nord et 2ème port au niveau national (surnommé la «Shanghai du Nord » d’envergure internationale (trafic vers 300 ports dans 160 pays), stratégiquement situé à 30 minutes de la capitale en train rapide.
• Un centre économique d’importance majeure et une ville industrielle de poids du fait de la présence de très nombreuses zones de développement. Pôle d’attraction aéronautique avec Airbus.
• Dotée de réserves énergétiques conséquentes: 4 milliards de tonnes de pétrole, 130 milliards de m³ de gaz et 1 214 km² de salines.
• Secteurs dominants : l’automobile, les télécommunications, la métallurgie, l’industrie chimique, l’industrie pharmaceutique et les secteurs de l’énergie et de la protection de l’environnement (secteurs clés en pleine expansion pesant 70% du secteur secondaire).
• Présence française : Airbus, Lafarge Aluminate, Alstom, Air Liquide, Schneider-Electric, Beaufour, Ipsen, Servier.
• Evènements marquants : AEROMART Tianjin (Convention d’affaires du secteur aéronautique), China Steel Tube Expo, China Mining, China International Metallurgical Technology and Equipment Fair (CIME), China International Petroleum, Natural Gas and Petrochemical Technology and Equipment Expo.
Tianjin, ville intelligente
La ville de Tianjin a été désignée par l’Intelligent Community Forum et le Conseil des télécommunications du Pacifique, comme faisant partie du classement des 7 villes « intelligentes » de l’année 2005. Les villes du Top 7, Issy-les-Moulineaux (France), Mitaka (Japon), Pirai (Bresil), Singapour, Sunderland (Royaume-Uni), Tianjin (Chine) et Toronto (Canada), ont été nommées pour leur politique en faveur du développement des sciences et technologies de l’information et de la communication au service de leur territoire.
Les villes candidates a la sélection avaient toutes soumis fin 2004 un dossier examine par le Conseil des télécommunications du Pacifique.
La municipalité de Tianjin, ville portuaire et industrielle du nord-est de la Chine, a mène une stratégie de déploiement de la communication large-bande dans le cadre du 10e plan quinquennal.
Ce sont ainsi 19.000 km de câbles a fibre optique qui ont été installes pour permettre la mise en place de la technologie haut-débit.
La ville compte aujourd’hui 2 millions d’internautes et 200.000 abonnes a une connexion haut-débit, soit une croissance du nombre d’abonnes de 450% par rapport a fin 2002.
La ville a lance un programme de formation pour l’e-gouvernement, ainsi que la création d’une plate-forme pour l’e-gouvernement permettant des services en ligne a 320 départements, dont les finances, les impôts, l’éducation et la justice. 101 hôpitaux de la ville sont relies par le réseau large-bande, ainsi que 95% des villages voisins de Tianjin. En 2003, le chiffre d’affaires des industries des technologies de l’information à Tianjin était de 115 milliards de RMB.
Brève histoire des concessions de Tianjin
Disposant d’un patrimoine d’environ mille maisons et bâtisses de facture occidentale, construites entre 1860 et 1940, la municipalité de Tianjin entreprend aujourd’hui leur réhabilitation à marche forcée.
Au milieu du XIX siècle, les pourtours du fleuve Hai intéressent les puissances européennes. A 120 kilomètres de Pékin, elles cherchent un site où s’établir. Créée au quinzième siècle, Tianjin offre une configuration géographique idéale. Ouvert à l’activité fluviale, le fleuve Hai dessine un arc de cercle au milieu d’un bassin aéré se prolongeant jusqu’à la mer Bohai.
Clôturant la Guerre d’Opium, le traité de Pékin (1860) offre trois concessions aux puissances occidentales (France, Royaume-Uni et Etats-Unis). En 1894, de nouvelles concessions sont attribuées à l’Allemagne et au Japon. A la fin de guerre des boxers, quatre autres concessions sont octroyées (Italie, Autriche Hongrie, Russie et Belgique). Dans leur sillage, vingt ambassades s’installent à Tienstin, ainsi baptisée par les occidentaux.
Le découpage des concessions est arbitraire. Elles recouvrent des étendues variables.
Si le Royaume Uni et l’Allemagne se taillent la part du lion, Belges et Italiens sont cantonnés à des espaces confinés.
Entre 1860 et 1870, les premières bâtisses voient le jour. Chaque concession reflète un style de chaque pays. Des architectes occidentaux en élaborent les plans, certains deviendront très prospères. En bordure du fleuve Hai, l’hôtel Astor devient le point de ralliement des entrepreneurs occidentaux. C’est le premier établissement hôtelier de Chine du nord ouvert aux étrangers.
Dans ses premières années, la présence des occidentaux n’est pas acquise. En juin 1870, une foule importante saccage l’orphelinat français. 18 étrangers sont tués dont le consul. Cependant la dynastie Qing apporte ses excuses et une sévère répression sera exercée contre les fauteurs de troubles.
L’histoire des concessions évolue alors au rythme d’une situation internationale particulièrement chaotique. Très engagés aux Philippines, les américains cèdent en 1902 leur concession au Royaume Uni.
Dans la foulée de l’entrée de la Chine en guerre du côté des alliés, en mars 1917, les concessions allemandes et austro Hongroise sont dissoutes.
De 1902 à 1937, Tienstin connaît une période faste. Personnage séduisant, Gustav Detring incarne le dynamisme de la ville.
Au service de Li Hongzhang, l’homme exerce sans le titre le rôle de Maire de la ville. Herbert Clark Hoover, futur Président des Etats-Unis réside alors à Tientsin.
Dans son journal, il témoigne : « C’est une cité universelle, comme le monde en grandeur miniature. S’y côtoient toutes les nationalités, tous les styles architecturaux, toutes les cuisines. »
De son côté, le général Georges C. Marshall qui séjournera un temps dans l’American Barracks ajoute : « Mon premier contact avec la Chine fut surprenant. Je logeais dans une maison d’allure viennoise, je mangeais un pot au feu, je jouais au Badminton et le soir, combien de fois n’ai-je pas bu de bière allemande ?
Tirant partie de cette expérience, j’ai toujours vanté dans ma vie politique les mérites d’une cité universelle et fraternelle. »
En 1932, Teilhard de Chardin y demeure, « le temps, dit-il, de prendre langue avec des cultures si opposées ». Ville ouverte et libre, Tienstin accueille des réfugiés.
En 1935, elle abrite une communauté juive forte de 3500 âmes dont beaucoup rescapés des pogroms. « Alors que nos frères sur la Vistule souffraient le martyr, nous vivions heureux, sans la moindre turbulence » souligne Harry Rozents, originaire de Pologne.
En 1938, la synagogue de Nanjin Lu est inaugurée en grandes pompes. « Occidentaux, chinois et juifs étaient de la fête » se souvient Harry Rozents.
Tienstin est aussi la ville des notables chinois. Comme en témoignent de nombreuses plaques à l’entrée des maisons, seigneurs de guerre et lettrés s’installent dans les concessions.
Comble de la liberté, Puyi, dernier empereur de la dynastie Qing, après avoir été chassé de Pékin y résidera jusqu’en 1931.
Mais Tienstin est souvent considéré comme la ville d’adoption de Zhou Enlai qui y a vécu une partie de son enfance. Plus tard, ses visites répétées à l’hôtel Astor témoignaient d’un réel attachement à cette ville.
Mais le ciel de l’histoire s’assombrit. En 1937, l’armée japonaise occupe les concessions. Les occidentaux sont bousculés, plusieurs bâtiments sont pillés. Sur leur déclin, les dernières concessions sont dissoutes de 1943 à 1945 par le gouvernement nationaliste.
Le 15 janvier 1949, Tianjin est libéré par l’armée de libération populaire. Tout son patrimoine architectural devient alors « bien d’état. » Mais aucune administration spécifique n’est créée pour en assurer la gestion.
Chaque district de la ville entretient son parc de vieilles maisons comme il s’y accomplit pour toute autre construction. Pendant la guerre froide, l’héritage est délaissé.
Episodiquement entretenu, le bâti se détériore, en particulier, les anciennes concessions russes et françaises. Le rythme des dégradations s’accélère avec l’industrialisation urbaine. Des usines polluantes sont construites au cœur de la ville. Inexorablement, les édifies se délabrent, certains menacent ruine, les murs noircissent.
Dans les années 80, une nouvelle menace guette. La demande en logements et en bureau entraîne une spirale presque incontrôlable de nouvelles constructions à la finition aléatoire. S’ajoute la boulimie financière des groupes immobiliers qui boudent cet héritage jugé peu rentable. Bientôt l’ancienne concession russe est engloutit sous le béton.
Des gratte-ciels se calent entre les vieux bâtiments, les écrasent aussitôt. Faute de lumière, ce patrimoine s’enfonce désormais dans l’obscurité.
Aujourd’hui la prise en compte par la municipalité de cette richesse et sa volonté de remettre de l’ordre n’est guère chose aisée. Certaines destructions sont irrémédiables, d’autres en très mauvais état.
Située sur la rive gauche de l’Hai, l’ancienne concession Italienne (quarante maisons) est actuellement en voie de restauration sous la conduite d’une société italienne connue pour ses travaux dans le centre historique de Naples. Ce quartier rappelle Imperia ou Alasio. « Flânant dans les rues, Bo Ai Dao et Jian Guo Dao (ex-via Marchese et Corso Vittorio Emanuele), d’un seul coup, je reprenais pied dans mon pays » racontait dans les années vingt, un aventurier Italien.
Dessinée autour de larges rues et d’un quartier verdoyant, la concession anglo-américaine est d’un bon maintien. Sauf exception, les bâtiments demandent une restauration légère. Entourées par de petits jardins, l’architecture est d’inspiration Victorienne. Parfois, d’audacieuses bâtisses surprennent comme, par exemple, l’Institut des langues étrangères. Dans ce quartier, les bâtisses américaines sont plus amples, les jardins plus étendus comme si l’Amérique toute fière de sa grandeur souhaitait damer le pion à la cour de Saint James.
La concession française est d’achèvement plus complexe. Véritable jeu de piste, elle abrite des ouvrages disparates mêlant des genres différents et diverses époques.
S’y côtoient maisons de maître et modernisme volontariste. Comme en témoigne le pont métallique enjambant le fleuve Hai ou la Cathédrale Notre Dame des Victoria, juste réplique d’une église en pays d’Artois.
La concession française a connu un parcours très accidenté à l’issue toujours incertaine. Construites dans le quartier commerçant du Heiping Lu, les bâtisses sont encerclées par des immeubles modernes à l’esthétisme médiocre et une activité commerciale mal maîtrisée. L’église de Nanjing Lu est horriblement enclavée par deux gratte-ciels curieusement inachevés.
Au cœur du quartier, des maisons disposées en cercle entourent « le jardin français ».
Onze maisons recouvrant une surface de 60 000 mètres carrés devraient être restaurées. Commanditaire du projet, le groupe TEDA International Hotel Group Co., Ltd. (TIHG), sous l’autorité de Mme Chang, souhaite redonner ainsi un nouveau souffle au quartier. Cependant ce projet se heurte à une difficulté majeure.
Comment redresser la barre alors que les constructions modernes urbaines s’empilent à côté ? Comment à partir du jardin français irradier l’ensemble d’un quartier dont l’activité commerciale ne joue pas dans le raffinement ?
Afin d’y remédier, une société franco-chinoise, China Messengers, a engagé un remodelage de l’offre et des itinéraires commerciaux du Heiping district.
Quant à la concession russe, elle a tout simplement vécue. Si quelques bâtisses demeurent çà et là, l’ensemble du quartier est noyée sous les gratte-ciels et les autoroutes urbaines. Dans son prolongement, la concession Belge n’est plus qu’un pâle souvenir. Enfin, la concession Japonaise a été durablement sinisée.
Aujourd’hui, Tianjin offre l’aspect d’une ville étouffant sous la pollution, bruyante et chaotique. Les énormes travaux engagés le long du fleuve Hai comme la restauration des anciennes concessions et l’amélioration des voies d’accès à la ville devraient se poursuivre jusqu’en 2008. A cette date, Tianjin aura meilleure allure. Peut-être retrouvera-t-elle alors son heure de gloire qu’elle a connue dans les années 30 ?
Histoire des Français de Tianjin
La présence française à Tianjin remonte au milieu du XVIIIème siècle. Un jésuite du nom d’Hector de Zondth s’établit au bord du fleuve Hai dans ce qui est alors une petite bourgade.
Au service d’un seigneur, le religieux enseigne des rudiments de mathématique tout en subtilisant au passage des techniques inconnues en Occident. Hector de Zondth se fond discrètement dans la population, joue profil bas. Il n’entend pas perturber les habitudes d’un peuple engoncé dans les traditions. D’autres jésuites lui succèderont, tous prudents.
Le traité de Pékin (1860) offre à la France une concession à Tienstin, ainsi dénommée à l’époque. Sans tarder, des vaisseaux tricolores mouillent dans la rade de Tanggu. Militaires et religieux se déploient le long du fleuve. Un orphelinat français est construit. La présence occidentale est désormais visible, bientôt dérangeante.
Cette intrusion n’est pas du goût de tous. Le zèle prosélyte incommode. S’ensuivent des bousculades. En juin 1870, une foule saccage l’orphelinat français (Wanghailou).
Venu à la rescousse, le consul français est tué. Dans la mêlée, 17 étrangers dont dix religieuses sont abattus. La France, alors très affaiblie, s’interroge. Doit-on dépêcher sur place une canonnière ? Contre toute attente, le commissaire impérial chinois présente ses excuses. Une sévère répression s’abat contre les fauteurs de troubles. La paix revenue, la présence occidentale se renforce. D’abord limitée à des religieux, la communauté française s’élargit à des architectes, des ingénieurs.
Tientsin devient aussi l’incontournable étape des aventuriers. « Cette ville, c’est la future Babylone ! » proclame Adolphe Rouvillois, un ingénieur français. A Tientsin, l’appétit des constructeurs est insatiable.
Chaque pays occidental aménage sa concession avec l’idée d’y bâtir d’indélébiles vestiges. Tientsin, l’allemande ! Tientsin, l’anglaise ! Tientsin, l’autrichienne ! Tientsin, l’Italienne ! Tienstin s’enorgueillit aussi d’être une ville française. D’un côté, le Hai He ; de l’autre, les axes alors embryonnaires de Nanjing lu et Ufu dao ; la section française s’étire sur une cinquantaine d’hectares. Dans le quartier de Heiping, des maisons se dressent.
En fait, de véritables bâtisses empruntant à plusieurs styles. La plupart seront occupées par des Seigneurs de guerre.
A quelque encablure de Nanjing lu, s’élève une église française. Toutefois le pont métallique enjambant le Hai, le jardin circulaire et la rue Chifeng dao, généreusement bordée de petites maisons, illustrent le mieux l’ingéniosité française.
Au tournant du siècle, Tientsin est en pleine expansion. Comme elle nous apparaît aujourd’hui, la ville ne semble retenue par aucune limite ! Toutes les nationalités s’y côtoient. Anglais, allemands, Américains, Italiens sont les plus nombreux mais les français forment une communauté solide. Alsacienne de souche, Hortense Helmer tient un salon, rue Hami dao. Se gorgeant au thé vert, les français s’y retrouvent la nuit tombante.
Quand éclate la guerre de 14, les français adressent une missive à la délégation allemande. Ton sobre et clair : « A partir de maintenant, chacun restera chez soi ! »
Même à Tientsin, la guerre s’insinue ! Les français s’enferment dans leur enclave, l’oeil aux aguets. Chaque lundi, un convoyeur traverse la ville en charrette.
Au poste d’accueil de chaque concession, il livre des liasses de journaux. Ce sont les nouvelles du front, veilles de plus d’un mois, parfois plus ! Parfois un incident éclate, un allemand ivre s’aventure dans le quartier français. Que faire ? Prendre les armes ?
Déjà, l’on se compte ! Alerté, un seigneur chinois déclare : « L’auriez-vous oublié ? Nous en sommes en Chine ! »
Une autre fois, exaspérés par une guerre qui n’en finit pas, des français entonnent la marseillaise à la lisère de la concession allemande. Les allemands répondent par des chants militaires.
La joute nationaliste n’est pas vraiment sérieuse. Les chinois rient, acclament d’insolites comédiens, plutôt piètres chanteurs !
A la messe dominicale de l’église de Nanjing lu, la répartition des bancs est savamment orchestrée : bavarois et austro-hongrois sur l’aile gauche ; français, italiens et anglais sur l’aile droite. « L’après guerre, ce fut comme un délice ! » note un voyageur français. La concession allemande dissoute, la ville est désormais entièrement accessible.
L’année 1928 marque l’apogée de Tientsin. L’on dénombre alors 112 français, deux fois plus d’hommes que de femmes ! Les français sont dynamiques, entreprenants, la plupart déterminés à ne jamais quitter la ville ! L’un d’eux a le projet de construire un opéra, un autre s’enthousiasme à l’idée d’élever un arc de triomphe.
Cependant, ils vivent à l’écart de la population, se mélangent peu. Rares sont ceux qui maîtrisent le mandarin.
En 1932, Teilhard de Chardin y passe un long séjour, « le temps, dit-il, de prendre langue avec cette grande culture ! ». Et puis, le glas !
1937, l’invasion Japonaise ! La plupart des français quittent la ville. Beaucoup prennent la route de l’Annam et du Tonkin. D’autres s’exilent en Californie. Lorsque l’empire du soleil levant rend les armes, le plaisir n’y est plus. Certains s’accrochent mais le temps est compté.
1948, l’hiver est pluvieux, le ciel saumâtre. Un air de nostalgie plombe le quartier français. Les bâtisses sont abandonnées, certaines prennent l’eau.
1949, la révolution populaire, les derniers français plient bagage. Silence, maintenant ! Une chape de plomb s’abat sur la ville, bientôt coupée du monde !
Le très francophone Zhou Enlai séjourne souvent à Tianjin où il a vécu une partie de sa jeunesse. Il descend à l’hôtel Astor. Soudain, il lâche un très inattendu « garçon ! » à l’adresse d’un serveur médusé. Pendant la révolution culturelle, des étudiants français y passent de courts séjours, certains à l’Université de Nankai.
Curieusement, aucun ne garde un mauvais souvenir de cette période. « Malgré les remous, raconte l’un d’eux, nous y sentions très bien. Jamais nous n’avons subi la moindre provocation ! » Tout de même, ils se tiennent à l’écart des zones sensibles, notamment, Tanggu, le district portuaire.
Fin des années soixante dix, Deng Xio Ping lève la parenthèse. Lentement, Tianjin reprend des couleurs. Confident de Deng Xio Ping, Jacques Van Minden, le truculent Président du Cercle franco-chinois, mise aussitôt sur cette ville dont il assure « qu’elle est plus belle que Beijing ! »
Selon le consulat de Beijing, une cinquantaine de français seraient domiciliés aujourd’hui à Tianjin, chiffre infime pour une population évaluée à 10,4 millions d’habitants.
Des expatriés, des étudiants. La seule perspective de l’installation d’airbus devrait faire doubler les effectifs. Cependant une nouvelle génération de français s’annonce.
Ni expatriés, ni fonctionnaires, plutôt des entrepreneurs, des architectes, chercheurs, artisans et créateurs.
Bravant les peurs, ils n’ont pas de préjugés. Le choix de Tianjin n’est pas le fruit du hasard. Souvent, un ami ou amie chinoise leur en ont ouvert les portes, les secrets. Donc, avant les affaires, l’amitié ! Jeune architecte, originaire de Rouen, le parcours d’Alexandre en témoigne. S’étant lié d’amitié avec Christine Liu, une urbaniste, lors du séjour de celle-ci en France, Alexandre décide de s’y rendre.
Aussitôt sur place, il est embauché dans une société de construction où le chinois est la langue exclusive. Il s’accommode aussi d’un salaire local. Le risque valait la chandelle, il est désormais reconnu.
« Nous ne répéterons pas l’erreur de nos aînés, assure Jacques. Péchant par arrogance, ils se tenaient à distance des chinois. Nous préférons l’immersion ! Et, bien sûr, nous parlons le mandarin avec l’inimitable accent nasillard du Bohai ! »
A leur côté, les franco-chinois incarnent aussi le renouveau de la France. Plus d’une centaine ont regagné le pays. Tel M. Dai arrivé en France sans le sou, désormais prospère homme d’affaires, Président de la zone industrielle Europe. Le rythme s’accélère.
En 2008, plus de deux cents français devraient vivre à Tianjin, peut-être plus ! Eparpillés dans les quatre coins de la ville, rares sont ceux qui résident dans l’ancienne concession française. Toutefois, en fin de semaine, ils respirent un petit air de Paris. Ils s’aventurent alors dans l’ancienne concession, prolongeant jusqu’à l’étonnante réplique du pont Alexandre III, récemment construit.
Sources :
Correspondance inédite (1923-1940) de Pierre Teilhard de Chardin (Broché) Université de Nankai (Tianjin), service des archives historiques
Zhou Enlai à Tianjin
Bien qu’il soit né dans la province Jiangsu, Zhou Enlai était l’aîné d’une famille aisée originaire de Tianjin. Il y vécut toute sa jeunesse, poursuivant ses études au lycée de Nankai.
C’est également à Tianjin que Zhou Enlai rencontra sa future épouse à Tianjin, Deng Yingchao, une étudiante activiste à forte personnalité.
Elle devint par la suite un membre important du PCC. Ils créèrent ensemble le « Journal de la Fédération des étudiants de Tianjin » et une revue «L’EVEIL » pour propager les idées progressistes.
Et puis il soutenait activement la campagne dite « mi-étude mi-travail en France » lancée par le professeur Cai Yuanpei de l’Université de Pékin.
En l’honneur du 100e anniversaire de sa naissance (Mars 5, 1998), un musée situé au nord de Waterside Park a été inauguré à Tianjin.
S’y comptent une salle d’exposition dans laquelle sont exposés de nombreux documents, notamment des livres, des annotations et des discours. J’ai été surpris de relever des courriers de veine très amicale de leaders soviétiques, la plupart écrits au début des années 60. L’une des lettres est révélatrice des espoirs de Moscou reposant sur la personne de Zhou. « Nous savons que vous œuvrez pour la paix entre nos deux pays.
Nous comptons sur toute votre énergie – que nous savons immense – pour tempérer les humeurs de Mao Zedong. » Il est vrai qu’à l’époque, les relations entre les deux pays étaient plutôt hostiles. Une autre lettre signée Charles de Gaulle dans laquelle ce dernier annonce, sous couvert de l’amitié entre deux grands peuples, sa joie plaisir de venir en Chine en 1971. Malheureusement ce projet restera lettre morte. Charles de Gaulle décède le 9 novembre 1970.
Jointe à cette salle, une bibliothèque bien fournie.
Toutefois, manquent à ce musée les très nombreux articles écrits dans les années 1920 par Zhou EnLai et destinés à faire connaître à ses compatriotes la vie des Chinois en France. J’ai écrit un mot pour susciter l’intérêt du conservateur sur ce sujet.
En janvier 2009, a été organisée une première exposition mettant en valeur 120 cadeaux diplomatiques offerts à Zhou Enlai. Remarquable, le cadeau de la France lors de la venue du Président Pompidou, des modèles réduits des toutes premières Renault datant des années 1920 sortis de l’usine où le même Zhou EnLai était alors ouvrier.
François de la Chevalerie (Junma)
Ancienne église Saint-Louis des Français de Tianjin
Située 16 Ying Kou Rd, dans le district de Heping en plein cœur de l’ancienne concession française, l’église Zi Zhu Lin, construite en 1872, est une des plus anciennes églises catholiques de Chine.
Elle a été, au temps de l’ancienne concession, l’église des Français de Tianjin. Elle est aujourd’hui considérée par la ville comme un monument historique et, à ce titre, protégée par la municipalité.
Histoire
Voici le texte qui figure sur une plaque apposée près de l’église par la Municipalité de Tianjin signalant un monument protégé :
« En 1870, le peuple de Tianjin avait brûlé l’église Wang Hai Lou située à San Cha He Kou. En août 1872, l’évêque français fait construire ici l’église St-Louis de style Renaissance, appelée aussi église Zi Zhu Lin puisqu’elle se situe dans le quartier Zi Zhu Lin de la concession française. Au cœur de la concession française, protégée par les gendarmes et policiers français, nombreux missionnaires et sœurs sont venus s’y installer et l’église St-Louis est devenue le centre d’activités de l’église catholique française.
Pendant la Révolte des Boxers en 1900, tandis que les Boxers de Tianjin étaient entrés dans la concession française, les prêtres, les missionnaires et les fidèles français se réunissaient à l’église St-Louis pour attendre de l’aide. L’armée d’autres pays étrangers arriva, le gouvernement des Qing céda et les Boxers finirent par se retirer de la concession française.
En 1949, des activités religieuses y étaient encore organisées par des prêtres chinois ; elles ont été suspendues en 1958 ».
Prochainement restaurée et réouverte au culte
La municipalité de Tianjin a, au cours de ces dernières années, restitué tout ou partie de ces bâtiments au diocèse catholique de Tianjin, qui cherche aujourd’hui à leur redonner vie, en les restaurant d’une part, et en les réaffectant à leur premier usage ou à d’autres fonctions permettant si possible de renouer des liens avec la France, d’autre part.
Au fil des années, faute d’entretien, le bâti de l’église s’est dégradé ; une partie de la voûte s’est effondrée et l’église a cessé d’être utilisée pour le culte.
Pour les besoins de la communauté catholique de Tianjin, et en accord avec la municipalité, les responsables du diocèse ont proposé de remettre l’église Zi Zhu Lin en état.
L’Institut de design de l’université de Tianjin a été sollicité pour réaliser les plans.